Vivra

d'Alan Kazbeg
Traduit du russe par Bleuenn Isambard
(à paraître aux éditions l'Espace d'un instant)

Direction Dominique Dolmieu
Avec Géry Clappier, Fabrice Clément, Majida Ghomari, Nouche Jouglet-Marcus, Franck Lacroix, Tristan Le Doze, Salomé Richez, Stéphane Schoukroun, Clara Schwartzenberg et Christophe Sigognault.

Commande de la Maison d'Europe et d'Orient, théâtre documentaire, d'après le procès Koulayev.
Production Théâtre national de Syldavie dans le cadre de l'Europe des Théâtres.

Le 1er septembre 2004, à environ 9 heures 20, un groupe de 32 terroristes a pris en otage plus de 1100 enfants et adultes dans l'école N°1 de la ville de Beslan (Ossétie du Nord), pendant la cérémonie de rentrée.

En tirant des coups de feu en l'air, les assaillants poussaient les gens vers le gymnase de l'école.

Le gymnase était tellement rempli que les otages, assis par terre, ne pouvaient pas étendre leurs jambes. La température extérieure était d'environ 30°C, et l'air dans le gymnase était étouffant.

Très vite, les terroristes ont tiré le long des murs de la salle des fils électriques reliés à des bombes artisanales fixées sur les murs et sur les anneaux des paniers de basket.

La prise d'otage a duré jusqu'au 3 septembre, quand les forces spéciales du FSB ont lancé l'assaut.

Dès les premières heures de la prise d'otages, les terroristes ont fait passer à l'extérieur un billet avec leur numéro de téléphone et leurs revendications. Ils exigeaient la venue à l'école des négociateurs suivants : Alexandre Dzasokhov, président de la république d'Ossétie du Nord, le président ingouche Mourat Ziazikov, le pédiatre Leonid Rochal et le conseiller du président russe, Aslambek Aslakhanov.

M. Ziazikov n'est pas venu à Beslan. Il a expliqué par la suite qu'il avait suivi les « instructions de Moscou ». A. Dzasokhov a tenté de se rendre seul à l'école, mais l'ordre a été donné de l'arrêter par tous les moyens.

Le 2 septembre, l'ancien président ingouche Rouslan Aouchev est entré dans l'école et il en est ressorti avec 26 otages : des nouveaux-nés et leurs mères. De plus, les preneurs d'otages lui ont remis un courrier avec leurs principales revendications à l'attention du président Poutine : l'indépendance de la Tchétchénie, le retrait des troupes russes et la fin de la guerre en Tchétchénie.

Le président tchétchène Aslan Maskhadov, condamnant l'action des preneurs d'otages, s'est dit prêt à venir à Beslan pour aider à la libération des otages. Les négociations pour sa venue ont abouti le 3 septembre au matin, mais l'assaut de l'école a commencé à 13 heures.

L'état-major opérationnel en charge l'opération était dirigé par trois généraux, adjoints au directeur du FSB. L'analyse des agissements de cet état-major montre que dès le début, c'est l'assaut qui était envisagé, et non les négociations.

Jusqu'au 3 septembre, l'état-major a affirmé qu'il y avait 354 otages dans l'école. Les médias officiels ont repris et répété ce chiffre, alors qu'à Beslan tout le monde savait qu'il y avait plus de 1000 otages. En entendant ce chiffre, les terroristes ont arrêté de donner de l'eau aux otages, de les laisser aller aux toilettes, ont durci les conditions de détention, ont commencé à les menacer et à les humilier. A la fin du deuxième jour, les otages, assoiffés et ne supportant plus la chaleur suffocante, se sont mis à boire leur urine.

Les proches des otages craignaient l'assaut par dessus tout. Il a été planifié à 13h le 3 septembre, cependant l'état-major prend la décision de faire en sorte que la responsabilité de cet assaut pèse sur les terroristes, en imaginant une provocation. La décision est prise de tirer deux fois sur le gymnase dans lequel se trouvent les otages, puis de commencer ensuite l'opération armée. Plus tard, le pilonnage d'un millier d'enfants et d'adultes par des lance-flammes et des lance-grenades sera présenté ainsi par l'état-major et l'enquête officielle : « les terroristes ont fait exploser le gymnase avec leurs otages ».

334 personnes, dont 186 enfants ont trouvé la mort, la plupart pendant l'assaut.